Legal Ops : quelles compétences pour être recruté et performer ?
Si le rôle clé du Legal Ops au sein des directions juridiques ne fait plus aucun doute, la question des compétences prioritaires pour être recruté et performer dans cette fonction reste encore peu explorée. En s’appuyant sur le modèle de compétences proposé par l’EDHEC Augmented Law Institute, 12 décideurs juridiques, membres du Cercle des Legal Ops de Pwc Legal Business Solutions, ont identifié les digital skills, business skills, ou soft skills attendues par le marché.
Un chef de projet avec une vision business
Toutes catégories de compétences confondues, le legal operations se distingue principalement grâce à 3 compétences :
- sa capacité à appréhender les enjeux business opérationnels de ses clients (internes/externes),
- gérer les différentes phases d’un projet,
- avoir une vision de business partner consistant à apporter des solutions à ses clients et pas seulement leur fournir un service.
Ces compétences sont importantes car elles symbolisent l'utilité essentielle de la fonction de legal ops : permettre à l'entreprise d'accélérer son activité commerciale plutôt que de la ralentir. En d'autres termes, il est essentiel que la fonction de legal operations soutienne l'activité commerciale de l'entreprise. Cependant, cela ne suffit pas. Pour piloter les opérations, le legal ops devra aussi être un bon gestionnaire de projet.
Pour Eric O’Donnell, Head of Legal Operations chez TotalEnergies, « Ce sont bien les 3 principales compétences. Il faut également de la résistance, de la suite dans les idées et une forte capacité d’adaptation. Le legal ops doit vraiment comprendre l’environnement dans lequel il ou elle évolue. Il faut comprendre le « pourquoi » on essaie de se transformer. Si la DJ est le client principal du legal ops, il faut comprendre la finalité et la valeur du rôle du juriste pour la société dans son ensemble et dans son environnement ».
Créateur de bien-être et de performance
Outre ces trois compétences business clés, une quatrième compétence, généralement considérée comme une compétence "managériale", est également primordiale. Il s'agit de la capacité à créer un environnement de travail favorable à la performance et au bien-être. Les équipes juridiques sont soumises à une pression grandissante, et la réussite des opérations menées par les départements juridiques dépend également fortement de la motivation de ces équipes. Si l'environnement et les conditions de travail ne favorisent pas la performance, celle-ci peut en être affectée. Le legal ops peut donc avoir un rôle positif sur l’engagement et la rétention des talents juridiques.
Geoffrey Delcroix, Head of Legal Innovation chez Ubisoft, souligne que « Notre enjeu au quotidien c’est aussi d’améliorer la qualité de vie de l’équipe en offrant des missions qui donnent envie de rester dans le métier du Droit. C’est un enjeu pour garder les talents et faire en sorte de leur offrir des missions stimulantes et innovantes. Nous devons créer les conditions de travail transversales et innovantes dans lesquelles chacun est à l’aise pour se développer ».
L’importance du rôle de manager du legal ops est également mise en avant par Sophie Vieilledent, Responsable Juridique chez Fnac Darty, en charge des legal operations : « En étant à l’écoute de son environnement et en participant à l’amélioration des process, le Legal Operations contribue à créer un cadre de travail favorable à la performance et au bien-être ».
Un maître du Legal Design et de la veille technologique
Parfois réduit à cette mission, le legal ops n’en reste pas moins un acteur clé de la transformation digitale du département juridique car la technologie est un chemin aujourd’hui incontournable pour accroitre leur efficacité et leur efficience. Bien que les compétences de "juristes codeurs" soient prometteuses pour l'avenir, les attentes principales des professionnels des legal ops se concentrent sur d'autres compétences digitales indispensables à leur mission.
En effet, l’un des objectifs du legal ops est de fournir des services et des solutions aisément compréhensibles aux interlocuteurs internes des directions juridiques. Pour ce faire, il doit notamment maîtriser le legal design, c’est à dire le langage clair ainsi que la visualisation pour expliquer les problématiques juridiques complexes. Cette aptitude à communiquer efficacement avec les clients internes et externes est prioritaire dans son arsenal de compétences.
« Les contrats du 21ème siècle doivent enfin être compris par ceux qui les signent ! », souligne Hélène Guillot, Head of Legal Operations & Transformation chez Ipsen.
En outre, avec le développement croissant de solutions technologiques permettant aux équipes juridiques d'automatiser, de numériser et de gérer leurs processus et données, les professionnels des legal ops doivent être constamment à l'écoute des outils technologiques disponibles. Ils doivent être capables de les tester et d'adopter ceux qui conviennent le mieux aux besoins de leur équipe, ce qui nécessite une formation continue pour rester à jour avec les dernières avancées technologiques.
« La compétence digitale la plus essentielle n’est pas celle d’identifier les outils car l’offre est pléthorique, mais savoir comprendre cette offre et choisir la meilleure solution adaptée aux besoins de l’entreprise et de l’équipe juridique », explique Corinne Morel, Legal Excellence Function chez Roquette.
Une personne curieuse et créatrice de confiance
Outre les compétences technologiques, les compétences comportementales (ou soft skills) jouent un rôle déterminant, et elles sont d'ailleurs les plus nombreuses dans le top 10 du classement établi par les décideurs interrogés. Certaines de ces compétences sont en cohérence avec les attentes mentionnées précédemment, comme la capacité à simplifier les problèmes complexes et à stimuler la curiosité pour encourager les propositions et les idées novatrices. Il est clair que le cliché du juriste traditionnellement conservateur et archaïque est maintenant révolu.
Anne-Sophie Frère-Barcelone, manager Ressources KM, Performance and Intellectual Property chez ENGIE pour qui « la curiosité est essentielle : on doit regarder ce qui se fait sur le marché sans perdre de vue son « écosystème intime » c’est-à-dire ce qui se fait dans son entreprise et bien-sûr le sous-jacent, la matière juridique ».
Enfin, étant donné que la fonction legal ops doit être un catalyseur et un planificateur axé sur les résultats, des compétences sont requises en matière de création de confiance, de gestion de réunions efficaces et de priorisation.
Pour Eric O’Donnell, « In fine, la confiance est surement le plus important, surtout au début, car il faut que les juristes aient confiance dans le legal ops pour accepter le changement ».
Il s’agira aussi pour le legal ops de savoir-faire preuve d’écoute active et, de gérer son stress en situation de crise, des qualités indiscutablement appréciées dans l’ensemble des professions mais particulièrement importantes pour le legal ops, confronté à de nombreux freins et résistances et mu par une vision orientée sur la transformation et le résultat.
En somme, le legal ops doit s’appuyer sur le bon mix de compétences business, digitales et comportementales pour convaincre recruteur, supérieurs hiérarchiques, clients internes et externes. Au bout du compte, il s’agira prioritairement pour les personnes souhaitant exercer le métier de legal operations de savoir créer le dialogue avec leurs interlocuteurs en gardant bien en ligne de mire ce qu’elles sont supposées délivrer, à qui, et comment.
Source : cet article a été rédigé sur la base du livre blanc «Legal ops : les compétences qu’il vous faut », par Christophe Roquilly, Olivier Chaduteau, Jérôme Frizzera-Mogli, dans le cadre du partenariat entre Septeo et EDHEC Augmented Law Institute.
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